La perte d’un être cher

 

 

Il y a des êtres merveilleux qui nous accompagnent au quotidien, sans nous juger, sans nous critiquer ou même donner leur avis et les perdre du jour au lendemain est la pire chose qui me soit arrivée. Hier, mon cœur s’est déchiré en rentrant chez moi, comme cela m’était déjà arrivé en recevant un appel téléphonique qui m’annonçait le décès d’un proche. Devant ces monstrueuses nouvelles, je n’ai jamais eu deux fois la même réaction, ressentit la même chose. Le vide, l’envier de hurler, les questions qui m’assaillent, les pleurs, beaucoup de pleurs et aussi la colère. Une telle chose est encore survenue hier, lorsqu’en rentrant, j'ai trouvé mon chien dans son panier. Il ne s’est pas le levé pour m’accueillir, il n’a pas pleurniché pour que je lui ouvre la porte et que je le laisse courir dans le jardin. Couché sur sa couverture, pelotonné comme il en avait l’habitude, il a simplement oublié de se réveiller.

Je m’étais préparée à cette éventualité, Dusky avait dix ans et souffrait du cœur, mais le choc n’a pas été moindre. J’ai l’appelé, il n'a pas réagi. Il n'a même pas remué la queue. J'ai compris très vite que plus jamais il ne la remuerait en me voyant ni me donnerait des bisous avec cette langue gigantesque. Il avait l’art des petits baisers du bout de la langue, ceux qui disent : "je suis là. Je t'aime ".

 

 

 

Je ne cherche pas à faire pleurer dans les chaumières en vous racontant cela. Je vous parlerais de mon chat qui s’est éteint dans mes bras, si c’était le cas, ou de l’annonce du décès de chacun de mes proches partis bien trop tôt. Bien entendu, quelques personnes diront : "Comment peut-on comparer ? Perdre quelqu’un ce n’est pas la même chose que perdre un animal de compagnie ". Cet article n'a pas pour vocation répondre à cette question. Je ne cherche pas à faire débat. Je ne donnerai même pas mon avis sur la question. Vous avez bien raison, cher lecteur, de croire que j’écris ces lignes d'un point de vue purement égoïste, je le fais pour exorciser ma peine et, également pour qu’à travers mes mots et mes photos, je rende hommage à Dusky, pour que, d’une certaine manière son souvenir vive à jamais.

 

 

Si je devais vous raconter la courte vie de Dusky, je commencerais par évoquer les soucis qu'il m'a causés : ce chien électricien arrachait les goulottes des murs et tirait sur les fils, il adorait récupérer des buches sur la pile de bois pour faire ses dents (je n’ai cependant jamais réussi à le convaincre d’en apporter à l’intérieur et qu’il les dépose près de la cheminée), il effrayait les oiseaux qui nichaient dans notre jardin, et peut-être également les personnes qui passaient sur la route ou qui s'approchaient un peu trop près du portail. Ce merveilleux molosse était le chien le plus doux au monde. Il est vrai, cependant, qu’il m’a donné du fil à retordre avec ses infections oculaires pour lesquelles je devais lui mettre des gouttes quatre à cinq fois par jour et avec les médicaments pour son cœur qu'il prenait que lorsque cela lui chantait. Ah j’en ai passé des heures ce qui à penser à de nouvelles manières de dissimuler ses cachets dans sa nourriture, mais il en flairait trop souvent l’odeur.

Bientôt, je ne me souviendrai que de sa tranquillité lorsqu’il restait à mes côtés, de son gout pour les siestes devant la porte d’entrée, mais aussi de sa queue me fouettant les jambes, et que dire de ses roulades, les quatre fers en l’air pour recevoir des caresses sur le ventre. Rien n’est aussi pur que l’amour qu’il m’a donné, il s’est toujours montré d’une fidélité imparable. Ces dix dernières années, il a été là dans la joie, dans les épreuves et la tristesse. Il a toujours su, de son regard tendre, me rendre le sourire.

 

Je pourrais choisir de dire "plus jamais, ça a fait trop mal et j'ai trop souffert, je ne veux plus jamais vivre ça". Mais non. Si j’ai souffert par le passé et encore aujourd’hui, c'est parce que j’ai ouvert mon cœur, que les personnes qui ont partagé ma vie comptaient pour moi, et sans doute que je comptais aussi pour elles. (Même si certains me confondais avec un distributeur de friandises et de croquettes, mais tout le monde ne rêve pas de la même chose, n'est-ce pas ?) Aujourd'hui, je sais que, malgré tout, ça fait du bien d’être entourée et de craindre à chaque instant de perdre quelqu’un que j’aime. Cela veut dire que tôt ou tard, je devrais de nouveau affronter ce coup au cœur. La peur de perdre quelqu’un d’autre me tourmente, me terrifie, mais elle me prouve que l’amour fait partie de ma vie. Si l'on y réfléchit bien, ces expériences sont le reflet de l’existence elle-même, et je crois que, même si ça fait mal, elles valent le coup d’être vécues. Grâce à elles, j'ai appris une vérité de fondamentale : l'amour que l’on donne et que l’on reçoit ne diminue jamais dans notre cœur, bien au contraire, il se multiplie.

 

 

 

Au revoir Dusky, à bientôt.

 

Lylise